• Mon grain de sel ou ce que Patrick n'a pas dit avant de partir visiter la région du nord-ouest autour de Salta, et celle du nord-est, préoccupé qu'il est par la préparation du bateau pour son voyage dans le sud.

    Virée qui nous a menés d'Iruya, au nord, petit bout du monde, pas très loin de la fontière bolivienne, à Cafayate, au sud, région de bodega (domaines viticoles). Nous avons continué notre voyage au nord-est de Puerto Iguazu et ses célèbres chutes à Posadas et les missions jésuites des Guaranis. Mais ceci est une autre histoire.

     

    La vie à bord

    On met le pied hors du bateau, en descendant par une échelle sur le ponton, ou pire, si on est amarré sur une bouée, en empruntant une barque qu'un marin, appelé auparavant conduit à terre, rien n'est immédiat ...

    La vie à bord (c'est chouette quand on y est) implique un certain nombre de tâches : courses, cuisine dîner, vaisselle. Il nous est souvent arrivé de ne pas aller au centre ville.

     

    Mon grain de sel

     

    Le club

    Un grand espace gazonné et arboré descend vers les pontons. S'y trouvent un petit bâtiment administratif, un club (quelconque, mais souvent on y capte mieux internet) des douches, un gigantesque restaurant, dont les Argentins ont le secret, et un espace de jeux pour enfants.

    Vue sur le port ou sur le Rio de la Plata, les Portégniens (un Argentin de Buenos Aires est un Porteños), appartenant au CUBA (Club Universitaire de Buenos-Aires), y viennent en nombre et en famille le dimanche, installant leurs chaises, pour buller, lire, pique-niquer ou envahissant le restaurant du matin au soir. Le lundi, le calme revient d'autant que tout est fermé y compris les douches ...

     

     Mon grain de sel

     

    Le bus 

    Le port est au bout d'un grand parc abritant des bâtiments universitaires disséminés d'un côté, de l'autre des terrains de foot.

    Le terminal des bus « Cité Universitaire », est à vingt minutes à pied du port.

    La conduite du bus est fonction de l'humeur du chauffeur. La norme est quand même le démarrage rapide et le freinage inconsidéré. Un jour, montant derrière Patrick, on n'était que trois, et il m'a fermé la porte au nez et a démarré sur les chapeaux de roues. La descente des passagers doit se faire en vitesse. En revanche, dans certains quartiers, comme Retiro, celui de la gare, le soir qui plus est, il y a de longues files d'usagers bien rangés les uns derrière les autres, et tout le monde monte sans précipitation.

    Plus d'une centaine de bus sillonnent Buenos Aires.

    Quand on est dans un bus, dont on connaît la destination, mais pas les arrêts (il n'y a aucun itinéraire dans le bus même et aucune carte des trajets des bus), Patrick suit sur une carte les rues traversées et le moment venu on appuie sur la sonnette. Souvent une ou deux stations avant !

    Les bus sont bruyants, mal agencés et déglingués avant l'heure. Ce qui n'est pas nouveau pour ceux qui connaissent l'Amérique latine.

    Parfois un détail amusant, en guise de rétroviseur intérieur, une glace guillochée de salle de bain.

    Rien ne signale l'arrêt. Hormis certains abris, on doit repérer un numéro enroulé sur un poteau. Je me souviens d'un soir, où ayant pris un bus pour aller dans un endroit, le 42, il fallait trouver celui du retour, dans une rue parallèle, certes. On a marché longtemps en scrutant les poteaux ... On savait qu'il passait par cette rue pour l'avoir vu, mais les bus ne s'arrêtent pas en dehors des endroits idoines.

    Et pour une raison qui nous échappe ils varient les itinéraires.

    Un jour on prend un bus pour aller visiter le Musée des Beaux-Arts. En relisant le guide on s'aperçoit qu'on n'avait pas vu l'étage des collections amérindiennes. Qu'à cela ne tienne. On y retourne le lendemain. Le même bus a pris un autre itinéraire et la collection des objets indiens est fermée depuis deux ans ...

    Il y a quand même une chose très pratique. Une carte, qu'on recharge en pesos dans des kiosques de journaux, par exemple. Dans le bus cette carte est présentée devant un petit enregistreur, après avoir donné le nom de sa destination au conducteur. Seul ou à plusieurs, autant de personnes, autant d'enregistrements. De plus elle s'utilise pour prendre le train (de banlieue) celui qu'on a pris pour aller changer de l'argent à San Isidro. Encore une autre histoire ...

     Le train

    Ils finissent en gare de Retiro. Mais on peut les prendre en cours de route bien sûr. Derrière une rue, en demandant, on trouve la station. Il y a même une gare. Le train, les rails et les passages à niveaux coupent les rues de certains quartiers. Donc les voitures regardent passer les trains.

    Un jour, dans un bus, circulation totalement bloquée pendant près d'une demi-heure, pour ce que l'on a vécu, dans un quartier relativement central. C'était un train de marchandises (en fait des containers venus par bateaux) d'une invraisemblable longueur qui traversait les rues sur son passage.

    Ce genre de train de marchandises circule en coupant des rues proches les unes des autres et parfois dépourvues de passage à niveaux. Patrick a vu un employé courir devant le train, une loco et deux ou trois wagons, un drapeau rouge à la main, pour prévenir les voitures des rues perpendiculaires.

     

    Mon grain de sel

     

    Buenos Aires est gigantesque et difficile à appréhender. Parmi la cinquantaine de quartiers qui la constitue nous en avons parcouru sept, les plus célèbres, que Patrick a nommés. Un quartier par jour.

    La célèbre place de Mai, Plaza de Mayo, au passé sulfureux, est située dans Centro. D'un côté,le palais présidentiel, la Casa Rosada, de l'autre la cathédrale. Entre les deux la grande place avec un petit obélisque, des parterres fleuris, des arbres, des croix, des banderoles. Pendant la dictature militaire, de 1976 à 1983, ont été enlevées et assassinées des dizaines de milliers de personnes. Trente milles, d'après les historiens, dont un tiers n'a pas été retrouvé. Les Mères de la place de Mai s'y rencontraient, tournant ensemble en tapant sur des casseroles, pour protester contre les disparitions de leurs enfants. Elles le font encore une fois par semaine, car il reste de nombreux disparus.

    De grandes et lourdes barrières métalliques sont entreposées dans les rues voisines, de manière à fermer la place, en cas de manifestations.1

     

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    1 L'opération Condor ( voir Brésil ) a été montée pour lutter contre une subversion communiste inexistante, avec l'appui des milieux catholiques conservateurs.Les enlèvements, exécutions et tortures eurent lieu notamment à l'Ecole de Mécanique Navale, devenue depuis un centre de la mémoire. Les enfants des opposants enlevés, nés dans ces centres de détention furent confiés à des familles de militaires ou à des proches.
 Ces enfants sont recherchés par leurs grands parents à travers le mouvement des Mères de la place de Mai. Le mouvement, infiltré par Alfredo Astiz, qui dirigeait le centre de de tortures de l'Ecole de Mécanique Navale, a valu a ces fondatrices d'être enlevées.

     

    Certains quartiers nous ont plu. Laissons la Boca, trop touristique, que Patrick a décrite.

    Puerto Madero, aux docks réhabilités, genre la Villette, sans voitures, très aéré, un peu cher où on a passé une partie d'un dimanche à la portégnienne.

     

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    San Telmo nous a charmé : petites rues, petites places, vieilles maisons ; pas ou peu de rues droites. Un passé lié au tango.

    Recoleta, son cimetière, ses belles rues, et ses belles boutiques comme à Palermo; ce n'est pas désagrable de se promener dans des quartiers un peu chicos.

    Dans tous les quartiers il y a de très nombreux espaces verts, parcs, jardins, où se dressent toutes sortes de statues. Dans celui où se trouve le Musée des Beaux Arts, un jour de brouillard, ajoutant sa magie au lieu, on a vu une exposition d'un artiste contemporain. Des avions et un aviateur, et même le petit prince, composés de pièces métalliques de toutes sortes et une mise en scène de cavaliers avec un indien enlevant la femme blanche.

    Non loin se situe un symbole de Buenos Aires : un nénuphar géant en métal brillant émergeant d'un étang. Les pétales ouverts le jour se ferment la nuit.

     

    Mon grain de sel

     

    Ce qu'on a beaucoup aimé c'est notre périple de trois semaines : la jolie ville de Salta, la linda, les paysages, les gorges sortes de canyons qui entaillent des montagnes aux vives couleurs, les cols à 4000 m, les champs de cactus cierge ou candélabres, les cardones, les pistes, la célèbre route 40, la Puna, touffes d'herbes jaunes, où on peut voir des vigognes ou des lamas un peu plus loin, la route du train des nuages qui débute par une piste très dure et puis ... les chutes d'Iguazu.

    C'est vraiment une autre histoire à laquelle ne participe pas Céléphaïs, que nous allons vous faire partager.

     


  • CLUB UNIVERSITARIO  DE BUENOS AIRES

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