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    — GEOGLIFOS DE PINTADOS —

     

    — La Pampa de Tamarugal —

     

    CHRONIQUE CHILIENNE X

     

    Depuis Iquique (1) nous rejoignons la Panaméricaine 5 vers les géoglyphes des collines de Pintados (2). La route traverse la Pampa de Tamarugal, à 75 km d’Iquique et 1200 m d’altitude. C’est une grande plantation (17 000 ha) d’arbres natifs du Chili : le Tamarugo poussant en terrains salés et très résistant à la sécheresse grâce à de très longues racines capables d’atteindre l’eau souterraine. Dans cette forêt, outre le tamarugo, on trouve deux ou trois autres espèces. Un écosystème unique en milieu désertique s’est créé abritant des insectes, des lézards, des oiseaux, des rongeurs et des renards. L’utilisation du tamarugo serait connue depuis 8000 ans.

     

    — Cerros Pintados —

    Nous laissons la route pour prendre à droite une piste qui se dirige vers les collines du site. C’est clairement réglementé pour protéger les géoglyphes. Quand nous sommes arrivés il y avait une voiture, qui est partie rapidement. Nous sommes seuls. Il faut traverser un joli petit musée pour accéder aux chemins qui conduisent à une certaine distance des monts.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE X

     

    La première référence bibliographique des Géoglyphes de Pintados est celle d’un  géographe allemand Albert Plagemann en 1906. À partir de 1980, l’Université de Tarapaca, a enregisté 450 figures, ce qui a donné lieu à un projet de valorisation et de conservation. Un nettoyage a été mené, sans altération. Les glyphes sont obtenus en grattant la surface de la colline. Le dessin se détache en plus clair sur la partie intacte du sol.

     

     

    CHRONIQUE CHILIENNE X

     

    Certains archéologues pensent qu’ils pouvaient servir de signalisation pour les grandes caravanes venant de l’altiplano. Les populations des villages préhispaniques, installés dans la zone Pica-Tarapaca (900 à 1450 de notre ère) étaient des agriculteurs, commerçants, pêcheurs et artisans, qui devaient traverser le désert pour vendre leurs productions. Ils connaissaient les chemins où se trouvaient des points d’eau.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE X

     

    — un chemin de fer —

    En repartant vers la Panaméricaine, nous tombons sur une installation ferroviaire. À dire vrai, Patrick l’avait déjà repérée à l’aller. Nous nourissons, tous les deux, une passion pour les chemins de fer anciens comme vous avez dû le remarquer. Ils sont porteurs de rêve de voyages. Au milieu de nulle part, des rails, des wagons ... On a signalé des usines de salpêtre installées dans le désert d’Acatama. Il y en a une pas très loin, l’Oficina Victoria.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE X

     

    Nous reprenons la route pour Pica (3).

     

     

     

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    — OFICINA HUMBERSTONE —

     

    — Itinéraire —

    Nous partons d’Iquique, le 26 août, pour visiter Humberstone (1), à 45 km de là. Une fois n’est pas coutume, nous avons prévu un pic-nic (tranches de jambon, de fromage, tomates, fruits et pain) et de l’eau. Nous y passerons la journée, sans voir beaucoup de visiteurs, qui de toutes façons ne font que passer. Le 27 août, on retrouve notre voiture stationnant dans un parking public payant emboutie par un camion. L’aile arrière est enfoncée. La journée se passe en démarches diverses, déclaration aux carabinieros, au bureau correspondant d’Europcar. On se console avec un super bon dîner dans un cadre ravissant — sorte de patio, une rivière au mileu, des arbres, un palmier (du voyageur), les tables autour —. Pour la première fois, (il y en aura d’autres) — c’est une promotion —, on nous offre une bouteille du vin qu’on a bu !

    Nous quittons Iquique le 28 août pour aller dormir à Pica, visitant en cours de route les geoglyphos de Pintados (2). Nous passerons deux nuits à Pica (3) dans un hôtel, dont les tenanciers sont pour le moins loufoques, pour nous rendre au salar de Huasco (4).

    — la carte —

     

    CHRONIQUE CHILIENNE IX

     

     

    — l’histoire—

    Humberstone, qui s’est d’abord appelée La Palma, est la mieux préservée et restaurée de ces villes-fantômes. En face l’Oficina Santa Laura. Ces deux villes sont inscrites au patrimoine mondial de l’humanité. Dans le désert entre Iquique et Calama, (et Antofagasta) il en existe près de 200 complètement dévastées. « Les principales menaces (sont) le pillage, les effets du vent sur les structures en bois et l’érosion du sel sur le métal. » (cf. Gallimard que je vais suivre, après avoir lu et relu le Routard, Lonely planet et wikipedia).

     

    CHRONIQUE CHILIENNE IX

     

     

    « À la fin de la Première Guerre mondiale, le marché du nitrate de sodium (= salitre = salpêtre du Chili) s’effondre si brutalement que les villes minières se trouvent abandonnées du jour au lendemain. » De nouveaux produits synthétiques le remplacent.

    À l’origine « les campements de mineurs sont baptisés Oficinas, en référence aux officines des agents qui achètent toute la production d’un périmètre déterminé.» « Extraire en surface le caliche (minerai de nitrate de sodium) à la pioche, le broyer et le vendre à l’oficina. Lorsque le meilleur minerai est épuisé, l’oficina n’a plus qu’à démé-nager. » Depuis la route, on voit des emplacements d’extraction.

    « Dans une ville minière telle qu’Humberstone (qui abrita jusqu’à 5000 habitants), la compagnie possède et contrôle absolument tout. Elle construit des logements, stocke l’approvisonnement, décide de qui peut travailler, combien de temps, à quel tarif et ce qu’il fera de son salaire — les mineurs sont payés en fichas, bons uniquement valables pour les marchandises de la compagnie —»

    Au Musée régional d’Iquique, nous en avons vus de ces fichas, jetons, cartons, morceaux de tissu, valables pour les marchandises du magasin de l’usine, où tout se vendait à prix d’or.

     

    — la ville et les logements —

    Une longue rue bordée de petites maisons restaurées accueille le visiteur. Y ont été déposés de menus objets de la vie quotidienne.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE IX

     

    CHRONIQUE CHILIENNE IX

     

    — le chemin de fer —

    Il se développe en même temps que les villes minières. Pour acheminer le caliche vers les ateliers de transformation sur place, pour transporter le salpêtre ou des voyageurs vers la gare d’Iquique.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE IX

     

    ­— transformation du caliche en salitre

    (c’est à dire du minerai de nitrate de sodium en salpêtre)

    En haut à gauche, extraction du minerai qui est concassé grossièrement, transporté dans une charette tirée par des mules vers l’usine ; le produit fini part vers Iquique. Un bateau dans le lointain l’exportera. En dessous, des affiches des bienfaits du salpêtre, notamment comme engrais.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE IX

    À droite : Santa Laura (en haut), Humberstone (au milieu), extraction de l’iode en même temps que le salpêtre.

    Pour faire court, un premier procédé Parada abandonné, puis un procédé Shanks, mis au point ou amélioré par James T. Humberstone, ingénieur chimiste anglais, qui s’installa au Chili, doit intervenir au moment de la lixiviation = lavage. Le minerai est lavé dans de complexes intallations pour dissoudre et éliminer ce qui est soluble (genre NaCl, sel). Au final le salpêtre cristallise (tas blancs). Dans les deux petits tableaux, un train l’emporte vers la gare d’Iquique.

     

    — la place centrale —

    Ombragée par un tamarugo (explication dans la prochaine étape), c’est le cœur de la ville. Une vaste église, un spacieux marché et son horloge, un hôtel « à la façade Art déco », un théâtre et l’ancienne pulperia, magasin général en cours de travaux pour le transformer en hôtel, nous ont dit les ouvriers.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE IX

     

    — le théâtre —

    Sièges en bois, parquet ciré, la scène.

    — l’école —

    Salles de classe, le pupitre est solidaire du banc devant.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE IX

    — les maisons non restaurées —

    Bâtis de bois et torchis ou tôle. Les montants des portes et des fenêtres sont soignés.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE IX

    —la piscine­—

    « Construite avec le fer récupéré sur un vaisseau naufragé », tout y est, les gradins, le bassin, l’escalier pour descendre, le plongeoir, le bar et les vestiaires.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE IX

     

    — les derniers bâtiments et installations —

    En haut à gauche, l’hôpital, un grand espace d’où émerge au loin, le théâtre, un bel édifice, que longe une galerie, comportant plusieurs salles dédiées aux réclames concernant l’utilisation du nitrate de sodium et un cours de tennis.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE IX

    — l’usine—

    Sa haute et emblèmatique cheminée se voit de loin et domine tous les ateliers. Ne manquez pas la deuxième photo à gauche : les pompiers.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE IX

     

    à suivre

     

     

     

     

     

     

     


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    — IQUIQUE­ —

    Région I de Tarapaca

     

    — La guerre du Pacifique ou guerre du salpêtre (1879-1884) —

    Pour résumer, l’acquisition et l’exploitation des régions riches en salpêtre, qui servait à la fabrication des explosifs avant d’être utilisé comme engrais, ont été à l’origine du conflit entre le Chili et la Bolivie alliée au Pérou. Vaincus, les deux pays ont dû céder des territoires au Chili. Le Pérou a perdu la région d’Arica et de Tarapaca, la Bolivie celle d’Antofagasta et son accès à la mer (cf. Chronique chilienne IV).

    — Bataille navale d’Iquique (21 mai 1879) —

    «  Alors que le port péruvien d’Iquique est bloqué par une partie de l’armada chilienne, la bataille navale s’engage » entre un cuirassé péruvien, le Huáscar, et une corvette en bois chilienne, l’Esméralda.

    Le navire à voiles, commandé par Arturo Pratt, est coulé. Le commandant chilien ainsi que de nombreux marins périssent. Ceux du Huáscar recueillent les morts et les blessés. Pendant ce temps, un autre cuirassé péruvien poursuit une goélette chilienne en bois qui l’attire vers des récifs où il s’échoue.

    — Situation de la ville —

    Nous quittons le haut plateau, désertique et brûlé de soleil, pour plonger vers Iquique. Le ciel s’obscurcit, le soleil disparaît, l’atmosphère devient jaune et opaque. Un temps de fin du monde ! Personne ne s’inquiète, c’est le temps habituel de la ville provoqué par sa situation. Au soir de ce dimanche 23 août, la circulation est intense sur la route qui descend vers la capitale de la région I. Iquique est « coincée entre le Pacifique, une haute falaise aride et une colossale dune de sable (haute de 200 m et survolée par les parapentistes) qui semble prête à l’engloutir » (le routard). C’est fascinant de dominer la ville du haut de cette falaise, qui malheureusement bloque les nuages sur elle . Il n’y a pas souvent du ciel bleu au-dessus d’Iquique, mais nous avons réussi à faire des photos par beau temps (une journée sur cinq).

     

    CHRONIQUE CHILIENNE VIII

     

    — Centre ville —

    — La Plaza Arturo Pratt : on y voit une tour-horloge, Torre del Reloj, (1877), le théâtre municipal (1889) et le Casino Espagnol (1904). Prolongée vers le sud par la rue Baquedano (piétonne). Toutes ces constructions datent de l’âge d’or de la ville : grande époque de l’extraction du salpêtre dans des sites voisins. Les bâteaux partaient chargés vers l‘Amérique et rentraient avec du pin d’Oregon.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE VIII

    — Le théâtre est un ancien opéra, construit en pin d’Oregon, où a joué Sarah Bernhardt, mais où n’a-t-elle pas joué ? J’avais été bien plus stupéfaite, à l’époque où je voyageais au Brésil, d’apprendre qu’elle avait interprété des pièces dans le théâtre de Manaus en pleine forêt amazonienne. Elle a fait plusieurs séjours et tournées en Amérique latine. Nous avons visité l’opéra d’Iquique et sa machinerie en bois.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE VIII

     

    — Le Casino Espagnol est un anicen club privé de la colonie espagnole, actuellement transformé en restaurant. Nous avons bu des pisco sour et dîné certains soirs dans ce décor follement mauresque.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE VIII

    — La rue Baquedano aligne, de part et d’autre d’une large chaussée dallée, de belles demeures en bois bordées de grands trottoirs en bois. Elles datent de la grande époque de l’exploitation du salpêtre, au XIXe siècle. Les façades aux tons pastel bien restaurées, les vérandas et les balustrades des riches maisons donnent sur la rue. Il reste les rails d’un petit train, qui, de la place Arturo Pratt, desservait les 400 m de la rue.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE VIII

    — Le port ­—

    « Passé le boom du salpêtre, Iquique sut se réinventer en devenant un port de pêche qui expédia plus de poissons qu’aucun autre au monde. Mais c’est la création de la zone franche en 1975 qui en fit une des villes les plus riches du pays » (lonely planet).

     

    CHRONIQUE CHILIENNE VIII

     

    — Les loups de mer, à l’affut dans le port, comme les pélicans guettent le poisson.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE VIII

    — Une réplique de la corvette Esméralda qui fut coulée dans le port et l’ancienne douane (devenue musée naval, il a brulé le 17 février 2015)

     

    CHRONIQUE CHILIENNE VIII

     

    — Quelques rues affichant les zones de menace de Tsunami, partout présentes en ville ; route d’évacuation.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE VIII

     

    — La gare et en face le bâtiment de l’administration des chemins de fer. Grande activité au XIXe siècle.

     

    CHRONIQUE CHILIENNE VIII

     

    à suivre, la ville fantôme de Humberstone.





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