• ÉPILOGUE DE LA NAVIGATION EN ARGENTINE

     

    LES QUARANTIÈMES RUGISSANTS

     

             23 heures, vendredi 17 décembre 2014, sous un ciel gris sans étoiles, la nuit s'installe pour quelques heures. Sous trinquette et moteur, j'attends la renverse de la marée pour franchir la vingtaine de miles du redouté détroit de LEMAIRE. Cinq heures plus tard ma vitesse augmente et le courant de flot me propulse hors du passage. Le vent est complètement tombé. Je décide de mouiller dans la BAHIA AGUIRE, à PUERTO ESPANOL, qui n'a de puerto que le nom —en fait une crique dans la baie— pour manger et dormir après 24 heures de veille (cf. la carte des escales sous le titre Bonne Année).

                            

    ÉPILOGUE DE LA NAVIGATION EN ARGENTINE

     

             La navigation dans les quarantièmes rugissants et les cinquantièmes hurlants échappe à tout ce que j'ai connu en Atlantique Nord, que ce soit en ISLANDE ou au GROENLAND, où le vent, la mer peuvent être très durs . Durs mais prévisibles. La côte Argentine concentre les extrêmes. Au Nord du 45e parallèle les vents de Nord-Est et Sud dominent. Au Sud, l’Ouest et le Sud-Ouest règnent en maître. Leur violence le dispute à leur rapidité. En 2 heures, la puissance est à son maximum, les 30 nœuds annoncés montent à 40, 50, voire 60 nœuds, levant une mer courte et dure dans laquelle le bateau cogne et souffre. Dans ces cas là, je fais le gros dos et mets à la cape. Avec la grand voile à 3 ris, la barre sous le vent et le moteur à 1500 tours, je maintiens CÉLÉPHAÏS trois-quarts à la lame, sans dérive. Une attente d'une quinzaine d'heures, voire d'avantage, pas trop inconfortables, qui me permettent de cuisiner et de dormir un peu. 

     

    AU SUD DU MONDE  

    USHUAIA 

             Deux jours avant Noël, le mouillage file dans les eaux de la baie d’ USHUAIA. Depuis le pont du bateau, heureux, émerveillé et pas peu fier, je contemple la ville la plus australe du monde, même si PUERTO WILLIAMS, la Chilienne, de l'autre côté du canal de BEAGLE est plus sud.

     

    ÉPILOGUE DE LA NAVIGATION EN ARGENTINE

     

             BUENOS AIRES, sa chaleur, les derniers préparatifs sont loin derrière. Loin la recherche des bidons pour le gazole, loin la fabrication des rouleaux pour les  400 mètres de cordage flottants pour les amarrages à terre. Petit à petit, j’ évacue la tension qui me tenaillait depuis MAR DEL PLATA.

     

    ÉPILOGUE DE LA NAVIGATION EN ARGENTINE

     

                         

             Mythique, fantasmée, idéalisée, USHUAIA rassemble tous ceux qu'attire le Grand Sud. Outre les navires de grande croisière plus ou moins luxueux mais très chers, de 6000 à 11000 euros le voyage de 10 jours en Antarctique, elle nous reçoit, nous aussi, les voileux de la terre entière en route vers nos rêves d'immensité, d'absolu.

             C'est aussi l'ultime escale pour compléter la cambuse en vue des semaines de navigation dans le labyrinthe de canaux.

     

                         

    ÉPILOGUE DE LA NAVIGATION EN ARGENTINE

     

     

    (c'est le premier texte, à lire donc en premier, la suite étant un deuxième texte : Navigation au Chili )