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À LA DÉCOUVERTE DU NOROESTE (suite IX)
HUMAHUACA, culmine à 2936 m d'altitude.
Nous sortons de la piste d'Iruya pour retrouver la RN 9. Elle est très tentante. Il nous reste 24 km pour rejoindre Humahuaca. Nous décidons de remonter vers le nord. Nous y avons plusieurs centres d'intérêts. La RN 9 file vers la Bolivie, longeant le Rio Grande et ses méandres, suivant la direction du Chemin de l'Inca.
Au siècle dernier, il y avait une gare à Humahuaca, dont les trains allaient en Bolivie. Il reste des rails et des ponts qui franchissent le fleuve. Ils exercent une certaine fascination sur nous. Un tel trajet en train semble magique.
Nous irons jusqu'à Tres Cruces. Et c'est la rencontre avec des lamas. Noter qu'ils sont sur la route ou sur le bas côté, en dehors des clôtures, sauf les deux dernières photos (la tête en premier plan et le petit couché) qui sont celles d'un autre troupeau. Ils sont élevés pour leur toison et leur chair.
Dans cette région montagneuse de la Quebrada, étaient réunies de nombreuses tribus indiennes sous la désignation générique des Omahuacas (dont font partie les Purmamarcas — déjà nommés— et les Tilcaras —à venir—).
Fondée en 1591 par les conquérants espagnols, Humahuaca était un important centre commercial.
Autour de la place, aux beaux arbres et pourvue de bancs, se trouvent les deux édifices attendus.
La cathédrale Nuestra Señora de la Candelaria (Notre Dame de la Chandeleur) aux murs d'adobe (1 m d'épaisseur) blanchis et le Cabildo, tout blanc aussi, sur assises basses de pierre, et flanqué de deux tours. L'une d'elle possède une horloge et une cloche. Nous n'avons jamais été à midi, sur la place ; nous n'avons donc pas vu la statue de San Francisco Solano sortir de la tour de l'horloge pour bénir la ville.
Monument à la gloire de l'indépendance
Un coin de la place débouche sur une colline pourvue d'un gigantesque escalier, piédestal d'un Amérindien de 10 m de haut, levant un bras. Des Indiens ont installé leurs étalages colorés sur les marches. Il fait particulièrement chaud.
La vue est belle sur les montagnes alentour, et les clochers de l'église et du cabildo.
Sur le côté se dresse la torre de Santa Barbara en adobe, vestige d'une chapelle qui servit de fortin aux insurgés. Une plaque récente, 9 juillet 2014, déclare la tour, construite en 1600, « Patri-moine historique, religieux et à la libération de Humahuaca ». Une autre, datée du 23 août 1962, célèbre le cent-cinquantenaire de l'exode de ses habitants.
Comme les forces pro-espagnoles allaient s'abattre sur le nord de l'Argentine, depuis la Bolivie, le général Belgrano demanda à la population de Humahuaca de déserter la ville avec bétail et bagages. Tout ce qui n'était pas emporté était brûlé. Le 23 août 1812, la ville se vida de ses habitants qui marchèrent pendant six jours sur 250 km.
Petites rues pavées, plus ou moins étroites, se terminant par un escalier du côté de la colline. Panorama sur la campagne, les cactus et les montagnes. Tissages, tricots, vestes, sacs sont accrochés au mur des boutiques, installés sur les marches de l'escalier ou présentés sous des toiles comme un petit marché.
Loin du centre, nous découvrons des rues campagnardes, des entrepôts et, à défaut de trouver l'emplacement de la gare de Humahuaca, des rails sur la terre battue.
Près de la gare routière, dont les bus relient différentes villes d'Argentine, un grand marché de fruits et légumes avec ses balances anciennes.
Le moment est venu de parler des délicieuses petites pommes de terre andines, aussi bonnes cuites à la vapeur que sautées. Nous serions heureux d'avoir les mêmes à Buenos-Aires, où elles sont grosses ; leur chair se déflipotent à la moindre cuisson. Nous avons trouvé comment les traiter : rapées crues, cuites et dorées dans une poêle. Françoise Graziadey, me dit qu'on appelle ce plat « rösti ».