• CANAUX CHILIENS IX

    Patrick vient de m'envoyer ce texte. Ce n'est pas sa place. Il devrait se trouver après Puerto Williams et avant la navigation sur les canaux. Je le ferais peut-être un peu plus tard quand vous l'aurez lu.

     

     

    BRITANNIA rules the Waves.

    Au cours de trois campagnes, en 1826, 1829 puis en 1831, l'empire Britannique avait envoyé le navire BEAGLE, commandé par le capitaine FITZROY, en mission de reconnaissance et de surveillance en Terre de Feu. À bord, un jeune naturaliste CHARLES DARWIN élaborait sa théorie de l'évolution.

    La cote Est du Canal de Beagle, jusqu'à 68°37 de longitude est Argentine, sa partie Sud et Ouest est Chilienne. En 1977, les dictateurs Argentins, VIDELA, VIOLA et GALIERI, faillirent déclencher une guerre de territoire avec leur voisin, le dictateur PINOCHET pour la propriété de trois iles en Terre de Feu, à l'entrée du canal, les iles LENNOX (1), NUEVA (2) et PICTON (3). L'intervention du pape a évité le conflit et les cailloux sont restés Chiliens.

    Tout au long du canal de Beagle, de l'ile Picton à l'Est, jusqu'au canal O’BRIEN (B), à l'Ouest, l'Armada entretient plusieurs postes de contrôle tenus par des ALCADES DE MAR, qui sont des officiers en mission d'un an avec leur famille, chargés de la surveillance de la région. Exepté PUERTO NAVARINO (5) à moins de deux heures de PUERTO WILLIAMS (6) ces bases de la Marine sont complètement isolées du reste du monde, sur une terre hostile et battue par les vents. Elles sont ravitaillées, emménagées, déménagées, de même que les soins accordés, par bateau.

     

     

    CANAUX CHILIENS IX

     

     

     LES CANAUX

            

     

                          CANAUX CHILIENS IX                       

                                                                                                                                                                                                   

    Les canaux, BEAGLE (A), BALLENERO (C), BRECKNOCK (D), COCKBURN (E), plutôt des chenaux entre iles et péninsules se succèdent dans cette géographie fragmentée, explosée, dispersée. Tous identiques et chacun différent sous un soleil radieux, trop court, ou sous une nappe de brume et de pluie qui couvre la terre et l'eau d'une humidité opaque et qui me laisse perplexe devant un relief uniformément gris dans lequel je dois faire ma route vers la caleta où passer la nuit. Pour couronner le tout, l'imprécision des cartes électroniques ou papier, pour cette partie du globe, me situe à plusieurs centaines de mètres de ma route et me fait naviguer sur les terres.

    Le mouillage dans les caletas se fait en portant 2, voire 4 amarres à terre pour immobiliser le bateau, le tout assez rapidement à cause du vent. Avec 2 équipiers, c'est sportif mais faisable, seul c'est impossible sauf avec l'aide des voisins. Quand il y en a. Donc je mouille un peu plus loin, très long, 80 mètres  de chaine pour 6 à 10 mètres d'eau et subit l'assaut des williwaws. Le bateau danse sur 90°. Ca danse mais ça tient. Spectaculaire et éprouvant.                                  

    Le vent, c'est un vent de tempête qui vient du Pacifique,  chevauche les montagnes, les contourne, déboule avec rage de le long des pentes, balaie les baies, décuple sa puissance dans les passages étroits, levant un clapot infernal.