• CHRONIQUE CHILIENNE V

     

    — en route vers PUTRE—

     

    CHRONIQUE CHILIENNE V

     

     

    Nous n’avons pas pris la route directe, CH 11, qui relie Arica à la frontière bolivienne, encombrée de camions, en file compacte, mais la route A 27, un peu au sud, qui parcourt la vallée de Azapa et mène au Musée archéologique San Miguel de Azapa, Deux bâtiments dans un grand jardin. Dans l’un, une vingtaine de vitrines sont consacrées aux cultures précolombiennes, qu’on peut apprécier à l’aide d’un guide, en français, prêté à la caisse. Dans l’autre, ce qui en fait la renommée, les fameuses momies chinchorros. Elles sont peut-être plus anciennes que les momies égyptiennes, mais je ne les ai pas trouvées terribles.

    On avait déjà eu un aperçu en visitant à Arica un musée de site : un cimetière chinchorro, découvert pendant des travaux sur les pentes du Morro ; encore que à cette époque, vers 2000 avant notre ère, la momification artificielle avait été abandonnée et les corps se momifiaient naturellement grâce au climat très sec. On marche sur un plancher en verre opaque sous lequel se trouve le cimetière. On ne voit pas grand chose et c’est tellement gênant de marcher au-dessus de ces pauvres corps gisant au millieu des fibres végétales tressées qui les avait emmaillotés.

    Dans le bâtiment des momies du Musée, je m’attendais à en voir beaucoup. En fait, pas plus de cinq ou six. La méthode de momification est plutôt radicale. On enlève la peau du défunt qu’on garde seule, tout le reste du corps (os et organes) n’est pas conservé. Pour ôter le cerveau la tête était sciée en deux, puis reformée et le visage était peint en rouge ou en noir. On façonne le corps en remplissant sa peau de résine, de branches et de fibres végétales qui ne manquent pas de percer la peau. C’est hideux. Ils semblent tout petits.

     

     

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    Le long de la vallée verdoyante de Azapa, nous poursuivons la route, qui se transforme en piste puis s’arrête. On a dû se tromper quelque part. Peu de panneau avec les directions, rarement les distances. Demi-tour. On retrouve une piste qui monte sur le plateau. Un dernier regard aux champs cultivés, parfois protégés d’une toile légère. Ciel bleu et univers minéral : la piste tôle ondulée, ou caillouteuse est rude. Enfin on arrive sur la route goudronnée, la CH 11, qui mène à Putre.

     

     

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    —Putre­—

    est un village aymara, comme tous ceux de la proche frontière bolivenne. Population amériendienne qui apparaît au IIe siècle avant notre ère autour du lac Titicaca, dont l’apogée se situe vers le IXe siècle de notre ère. C’est en Bolivie que les Aymaras sont les plus nombreux.

    Putre, qui signifie en aymara « murmure de l’eau », est un joli village de montagne, qui culmine à 3560 m. « Ancien poste de relais sur le chemin de l’inca, Putre connaît son heure de gloire avec l’exploitation des mines d’argent de Potosi (Bolivie) ». Fondé en 1580, le village vit actuellement du tourisme et de l’agriculture. Nous l’avons mal apprécié parce que nous avions le mal des montagnes. Ce qui nous a d’autant plus surpris que nous n’avions pas été incommodés en Argentine et ses cols à 4000 m, l’année dernière. L’église date du XVIIe siècle. Les rues pavées sont pentues. Les maisons ont un toit en partie couvert d’un chaume herbu.

     

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    Deux volcans enneigés surplombent le village, le Taapaca (5860 m) et l’Ancoma. L’effet est toujours le même : nous sommes déjà en altitude, du coup, les volcans ne paraissent pas si hauts.

     

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    Prochaine étape : le lac Chungara