• LA COROGNE

     

    Petit retour à MORLAIX où, dans ma précipitation,

     j'ai oublié de citer PHILIPPE,

    personnage étonnant s'il en est par la qualité de réalisation de ses pièces d'accastillage en inox.

     

     

    LA COROGNE. A CORUNA en galicien.

    Début octobre.

    Huit jours d'attente, huit jours à bricoler, à déambuler en ville, le nez au vent. C'est une ville curieuse ou la vieille cité masquée par les façades des bâtiments du 19e siècle aux façades blanches et vitrées mèle ses rues et places médiévales aux constructions contemporaines.

     

     

     

     

     

     

     

    C'est une ville attachante qui concentre un nombre impressionnant de bars à tapas. Une  vraie perdition.

     

    A CORUNA. Lundi 30 septembre 2013

    En la peluqueria

    Mes déambulations me portent, au sortir d'un bar à tapas, devant la vitrine d'un coiffeur

    Le cheveux en bataille à cause du vent, je pousse la porte du salon

    Un corte ? Demande t-il perspicace.

    La quarantaine, joufflu sans être gros, l'homme officie en jean et chemise. D'un geste ample il me fait asseoir dans l'unique fauteuil du salon à la déco sobre et élégante. D'aucun dirait minimaliste.

    Une fois installé, il déboutonne mon col, le retourne à l'intérieur, l'échancre. Le tif en bataille, le cou dégagé, je semble sortir d'une geôle pour monter à l’échafaud..

    Le cou ceint d'une bande de papier blanc qu'il rabat à demi sur une chasuble anthracite, me fait la tête d'un ecclésiastique. Échevelé certes mais quand même.

    Commence alors un étrange ballet. Il papillonne, virevolte à droite, à gauche, derrière avec la tondeuse : gros sabot, petit sabot, qu'il range consciencieusement à chaque fois, traitant la périphérie après avoir relevé le dessus en choucroute. Puis les ciseaux petits et pointus qui s'affairent autour des oreilles, dans les oreilles sur les cotés, les sourcils, la choucroute toujours en friche.

    Les ciseaux encore. Avec le peigne il trace une raie à droite. L’ecclésiastique s'affirme. Mouvement de protestation des bras prisonniers sous la chasuble. Un geste rassurant et il continue sa besogne. Raie à gauche et toujours l'ecclésiastique . Les petits ciseaux taillent et taillent toujours et encore.

    Il s'attaque enfin à la choucroute, la rabat sur l'avant, trace une raie transversale à l'arrière et coupe, une mèche entre les doigts. Il progresse vers le front , raie après raie, toujours transversale la raie, j'en ai compté 5, mèche après mèche. La choucroute a disparu, l' ecclésiastique aussi. Après la tondeuse et les ciseaux, le rasoir s'en prend au pattes, au cou, les oreilles, devant, derrière, sur les cotés. Des endroits jamais visités. Il fignole par petites touches avec des gestes furtifs... La séance se termine par un shampooing, le tout pour 9.50€.

    J'ai vu qu'il rasait aussi. Je laisse pousser et jeudi j'y retourne. Pour le plaisir.

    Le jour dit, le jeudi, je suis installé dans l'unique fauteuil du salon et me retrouve habillé de la même chasuble mais sans la collerette blanche. Ce type est un furtif, à droite, à gauche, derrière, du rasoir et des ciseaux, à petites touches, il reprend quelques détails de la coupe de lundi, assure le SAV.

    Après le retrait de la chasuble et l'inclinaison du fauteuil, commence le rituel des serviettes chaudes. Je suis béat et m'attends à disparaître sous la mousse. HORREUR ! Du gel, il utilise du gel. Pas de blaireau, pas de mousse mais du gel, ce truc propret de gens pressés. Même le rasoir est discret, juste de petites attaques, pas de grands mouvements libérant des tranchées roses sous la chantilly. Je vous dis ce type est un furtif. Je suis déçu en bien comme disent les Vaudois.

    Après un détour par « la jamoneria », un bar à tapas, le reste de la journée passe à préparer l'appareillage de demain.